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Rue René Vulliez

Présentation de la rue René Vulliez:

René, Laurent Vulliez, naît le 23 janvier 1919 à Lyon, dans une famille modeste. Son père Léon Alcide Vulliez était métallurgiste à Montplaisir, banlieue laborieuse de Lyon avec ses nombreux ateliers de construction automobiles. Sa mère Henriette Bosson, n'a pas à cette époque de profession connue, elle est »ménagère».

Les parents de René divorcèrent en 1923 et Henriette Bosson avec son enfant commence un long périple, qui dura des années, probablement à la recherche de travail, déjà très difficile à trouver à cet époque.

Nous retrouvons trace de René VULLIEZ à L'école Primaire de Chambéry, puis à l'E.P.S. d'Aix-les Bains et enfin vers les années 30 - 31, à Grenoble, avenue Jeanne d'Arc, où il habite seul avec sa mère. Elle tenait un petit commerce, une teinturerie semble-t-il, au rez-de-chaussée d'un l'immeuble. Nous lui connaissons cinq adresses différentes à Grenoble, celle qu'il eut pendant la guerre était au 49, rue Joseph Bouchayer.

Le jeune René était élève de l'Ecole Primaire Supérieure de Grenoble.

En 1936, il est admis à l'Ecole Normale d'Instituteurs de cette ville. Bien que n'ayant que de très faibles ressources, sa mère et la troisième République, lui permettent de poursuivre ses études.
René est un élève intellectuellement brillant, passionné de mathématiques et de sciences. La musique l'attire, il admire Berlioz et Fauré et possède une belle voix de basse chantante. Il est perçu par ses collègues Normaliens comme "une tête", possédant un caractère réservé, secret, et une certaine susceptibilité. Ses ressources modestes l'empêchent d'avoir le même train de vie que ses camarades.. C'est à L'Ecole Normale qu'il côtoie Charles Marius, le futur chef du Groupe Franc de Domène.

En 1939, il termine sa formation d'instituteur et son premier poste, comme instituteur-adjoint, est à Heyrieux d'octobre à fin novembre 1939. En décembre, il est mobilisé et affecté à l'Ecole du Génie de Versailles, en mars 40 il est nommé élève-aspirant des Transmissions du génie. Le nord de la France est envahi en mai 40, René est mobilisé avec le grade de sergent et fait prisonnier à Reims.

En février 41, il franchit la ligne de démarcation et tente de rejoindre l'armée de de Gaulle, en passant par Marseille puis Sète et enfin par la Suisse. Il est arrêté en Suisse, aux environs de Saint-Julien-en-Genevois, et livré à Vichy le 5 mars 41. Le tribunal de Chambéry le 2 avril 41, le condamne à un mois de prison pour passage illégal de frontière et le Tribunal Militaire de Montpellier, le 25 juillet 41, le condamne à un an de forteresse à Collioures et le révoque de l'enseignement. Il purge complètement sa peine et en début 43, grâce au soutien de l'Inspecteur d'Académie, il est réintégré dans l'enseignement, car c'est le seul soutien de sa mère.

Il sera affecté en janvier 43 à Valbonnais, puis en octobre 43 à Chassieu près de Lyon, où il occupa le poste de directeur de l'école de garçons. Fin avril 44, on lui fit la faveur d'une convocation au S.T.O, "l'Allemagne ayant besoin d'instituteurs" ! D'aucuns pensent qu'il était soupçonné de judéité. Il donne sa démission de l'Enseignement le 15 mai 44 et demande que sa solde soit versée à sa mère, domiciliée au 49 rue Joseph Bouchayer à Grenoble.

Il rejoint l'Armée Secrète à Domène, dans le groupe de son camarade Charles Marius, alors instituteur dans cette ville, et se trouve intégré au Groupe Franc Henry, dirigé par Henri Segal, lui-même sous les ordres d'Albert Reynier , directeur de l'Ecole d'Application de l'Ecole Normale de Grenoble "Vauban", Chef du secteur VI "Grésivaudan".

Le pseudonyme de René sera "Laurent" et ses fonctions "agent de liaison".

Ses camarades de "sixaine" seront Henri Coeur, élève-Ingénieur, Eugène Gudin, métallurgiste, Georges Bois, Angelo Brunato et Charles Marius. Il a croisé Madame A.M. MINGAT, "Mimi LERME", agent de liaison, qui, dans son ouvrage «un Combat pour la Liberté 42-44» page 17 photo 5, publie une photo (voir ci-dessus) de René avec le commentaire «un jeune instituteur mort en déportation».

De son action aux mois de mai et juin 44, nous ne savons rien. Quel travail a-t-il accompli? Quel était son rôle?

Le vendredi 30 juin, en compagnie de Henri Coeur et Eugène Gudin, alors que la Wehrmacht ce jour là "chassait le maquisard" à Domène, il fut capturé à l'hôtel-restaurant du Midi. Le maire de Domène, convoqué le soir à l'hôtel Gambetta à Grenoble, siège de la Gestapo, y a rencontré "Monsieur Maurice, le directeur de nos écoles ainsi que quatre jeune gens de Domène". Il quittèrent Grenoble le 8 juillet, pour la prison de Montluc à Lyon.

Nous retrouvons la trace de ces trois résistants dans le train partant de Compiègne le 28 juillet 44 et arrivant à Neuengamme le 31 juillet. Henri Coeur et René Vuilliez semblent avoir été très proche, en déportation : leurs numéros d'immatriculation 40 131 et 40 130, se suivaient.

C’est ensuite, la mutation dans les kommandos de travail, à SALZGITTER-WATENSTEDT dans une usine d'armement appelée H.GOERING WERKE d'abord, puis à SCHANDELAH ensuite. SCHANDELAH, camp fournissant le personnel pour la construction de la ligne de chemin de fer et le terrassement devant servir à l'usine d’extraction des schistes bitumeux, dont le chef surnommé "le tueur" ne laissait aucune chance aux prisonniers. Les français qui réchappèrent de ce camp se comptèrent sur les doigts d'un seule main.

Le décès de René Vulliez a été enregistré au Secrétariat du Camp Cebtral, à la date du 14 janvier 1945, soi-disant "d'une inflammation pulmonaire double".
Le camp ne possédant pas de four crématoire, il fut enterré sur place.
Suite aux démarches de sa mère son corps fut rapatrié et ses obsèques eurent lieu à Grenoble le samedi 29 mars 1952 en l'Eglise Notre Dame.
Son décès brisa la vie de sa mère et la laissa en grande difficulté, pour ne pas dire dans la misère.
A la demande de l'Inspection d'académie de Vienne, la commune d'Heyrieux apposa, en 1947, une plaque pour sa mémoire, dans le couloir de l'école publique où il fut pendant deux mois instituteur. La ville de Chassieu fit de même sur un mur du Groupe scolaire et baptisa, en 1994, une rue proche de l'école du nom de "RenéVulliez".

Mais peu à peu l'oubli s'installa et René Vulliez, homme de nul part, devint un inconnu dont seules des plaques ènigmatiques rappelaient la mémoire.

Aujourd'hui, la tombe de René Vulliez et de sa mère, au Petit Sablon à Grenoble est totalement à l'abandon et ne porte même plus de nom (carré 5, Nr. 271 et 272 à 50 mètres de celle de L. NAL)

Source http://www.ns-spurensuche.de/

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